Une lecture de Michelet

Sans être une science exacte, l'histoire s'efforce d'être objective. Pourtant
Michelet, le « Pape de l'histoire », en fait un objet poétique qui trouve son
apothéose dans ses ouvrages de « science naturelle » comme La Mer ou L'Oiseau.
L'image prend le pouvoir et s'épanouit en symboles ou en mythes, pour
dépeindre le monde intime de l'auteur. « Il faut lire Michelet comme une
polyphonie », écrivait Roland Barthes. Pas d'analyse rationnelle ni austère
mais un tableau vivant de la nature et des événements, de l'espace et du
temps. L'histoire vit sous la plume de l'écrivain. De tableaux mythiques en
envolées poétiques, il réussit sa « résurrection de la vie » qui peut se
révéler une porte ouverte sur un univers tragique, celui de La Sorcière, par
exemple. Mais Michelet parvient toujours à rapprocher les contraires, unir le
passé et le présent, le réel et l'imaginaire dans une partition à plusieurs
voix. C'est dans cet au-delà de l'oeuvre que ce livre entraîne le lecteur.