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Côté cour

Leandro Àvalos Blacha

Asphalte

  • Conseillé par
    13 mai 2013

    Cour des miracles !

    Après l'excellent, mais délirant "Berazachussetts", Léandro Ávalos Blacha nous entraîne dans une nouvelle aventure. Un huis-clos côté cour, explorons l'univers de cet auteur argentin qui, semble t-il, n'a pas fini de nous surprendre.
    Imaginons un monde pas très réjouissant (de toute façon en littérature du futur, ils ne le sont jamais) où chacun peut avoir sa prison personnelle avec son occupant! Vous êtes rétribué pour garder un repris de justice, il ne garde pas les enfants, donc ce n'est pas non plus "un prisonnier au pair"! C'est ce que "Le Plan" nomme une prison domestique.

    Mais Ángel lui fait mieux, il garde sa gardienne, Fanny dans le fond de son lit! C'est vrai qu'il y a quelques arrangements à faire, celle-ci doit d'abord faire sombrer sa maman dans le sommeil, quelques pilules suffisent et à eux la liberté, enfin n'exagérons pas non plus! Ángel est un homme heureux, il est logé, nourri et son lit est garni. Que demander de plus? rien! Sauf que son épouse légitime, femme ayant de la suite dans les idées, arrive toujours à le retrouver, et là sa dernière trouvaille est la suivante, le faire évader. Chose qui ne fait pas l'unanimité chez les amants, bien au contraire! Alors cela devient, Stalingrad sur Cour, Waterloo morne enclos. Le bonheur de l'une vaut bien le malheur de quelques autres.....
    Les jeux du cirque façon Magda et Elmer, c'est grandiose....le public en raffole et les prisonniers tels les gladiateurs des temps anciens deviennent des vedettes? Mais "The show must go on", le mort est au bout du spectacle mais là aussi l'argent est le but des organisateurs! Le monde se répète, la vie et le trépas , c'est un éternel recommencement!
    Une poupée jetée par erreur dans un jardin en friche devient vivante! Oh miracle, c'est Clarita, venez voir, mais n'oubliez pas votre obole, Phonemark tout puissant vous le rendra...les marchands du temple prospèrent surtout chez les pauvres gens. Dans l'euphorie, la foule subjuguée en réclame encore plus, quoi de plus grandiose qu'un sacrifice humain....un pauvre gosse, fils d'un détenu, pas grand chose en définitif!
    Préparons un trombinoscope grand modèle et hors-norme, la norme, chose qui ici n'a pas lieu d'être. Fany, une jeune femme un peu timide qui succombe au charme de son prisonnier et qui est prête à tout pour le sauver, mais vraiment à tout. Elmer, mort pour la surface de la terre et pour l'état civil, organisateur de combats de prisonniers en sous-main. Un docteur réducteur de têtes, son assistante répondant au doux nom de Dinastía, une petite fille cannibale, dans un monde où sévit encore par à coup la rage. Les "enragés" hommes ou femmes font d'excellents lutteurs pour les combats clandestins qui génèrent beaucoup d'argent. Cela doit être cela de croquer la vie à pleines dents. Mais la carrière est courte!
    Et si c'était les mamies qui détenaient la vérité et la bonté, parlez à Olga, Hilda, elles seules ont encore des sentiments humains.
    Mais au dessus de tout, planant sur le quartier, la silhouette de la tour Phonemark, son halo vert et ses radiations se diffusant de manière silencieuse et invisible sur la faune et la flore environnante! Surtout sur la faune d'ailleurs.
    Un monde de la démesure, pas un roman plutôt un recueil de nouvelles avec une cour comme décor...avec ce que cela implique comme huis-clos amplifié par le statut de prisonniers des principaux protagonistes de ces récits.
    Pas vraiment rose l'avenir, mais ne sommes-nous pas de toute façon, déjà prisonniers d'un système qui est uniquement basé sur le profit de certains au détriment du plus grand nombre.
    C'est bien de nous mettre face à face avec le monde que nous laissons à nos descendants!
    Pour une fois la playlist musicale me parle ! Patti Smith, et Echo & Bunnymen entre autres.